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Le ministre d’Etat, Bassolma Bazié, à propos de Konomba Traoré : « Le doyen Konomba est un homme de valeurs qui incarne le pardon, le courage, l'humilité...»

A l’occasion de la 20e édition de la Semaine Nationale de la Culture (SNC), Bobo-Dioulasso 2023, Radio Burkina a reçu pour son émission Tapis d’honneur, le Trésor humain vivant (THV), Konomba Traoré, le samedi 29 avril 2023, depuis les studios de Radio Bobo.

 

Le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Bassolma Bazié, dit connaitre le doyen Traoré, un homme aux multiples dimensions : commis de l’Etat, défenseur des traditions africaines, écrivain, artiste-peintre, compositeur, chanteur, musicologue, professeur de musique traditionnelle, conteur, joueur de la kora et du balafon, dozo, guérisseur....

Nous vous proposons le témoignage entier du ministre d'Etat sur le THV afin de contribuer à mieux faire connaitre cet homme de culture.

« En ce qui concerne le doyen Konomba Traoré, permettez-moi de l'appeler ainsi et c'est comme cela d'ailleurs, quand nous sommes ensemble, je l'appelle. Je l’ai connu d'abord à travers les médias et tout dernièrement, en 2022, de façon physique pendant une activité qui a été patronnée par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre que j'ai eu l'honneur de représenter. L’activité avait été organisée par le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme et portait sur la culture de notre pays.

Ce jour-là, j'ai tenu lors de la photo officielle de famille, à ce qu'il soit avec les autorités, au nom de ce qu'il représente pour l'ensemble de la Nation. J'avoue que même ce jour, devant tout le monde, à l'entame de la minute de silence observée, il a tenu à entonner l'Hymne national, le Ditanyè, à travers le balafon de façon unique, du début jusqu'à la fin. Vous voyez que ce n'est pas du superficiel.

Elevé comme Trésor humain vivant, le Burkina Faso doit s'enorgueillir d'avoir une telle personnalité dans la mesure où, premièrement, c'est quelqu'un qui a été un grand commis de l'Etat. Diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration, il a occupé les fonctions de Préfet pendant une quinzaine d’années, successivement à Fada, Sindou, Bogandé, Gaoua, Kaya et Kokologho. Il fut aussi Président de la délégation spéciale de la Mairie de Ouagadougou et Directeur du Centre National d’Artisanat d’Art.

Et vous savez également qu'au niveau de la culture, la strate culturelle qu'il a occupée, c'est l'ensemble de ces éléments qui ont prévalu à ce qu'il soit élevé au rang de Trésor humain vivant.

J'ai été chez lui à domicile et tout ce que j'ai vu en termes d'actes qu'il a posés à domicile et tout ce que je connais de l'homme également, il est un musicien confirmé.

Il enseigne même en musique. Il est auteur compositeur. Il est aussi chanteur, batteur et joueur de plusieurs instruments au niveau de la musique, surtout côté traditionnel. Il joue la kora et la joue vraiment bien. Il y a bien d'autres instruments qu’il joue.

Au niveau des arts, vous savez très bien que c'est un écrivain également. Il est peintre et quand vous arrivez chez lui à domicile, l'ensemble des tableaux, des images qui représentent des hommes africains qui ont marqué l'histoire, à savoir Kwame N’Krumah, Thomas Sankara et Patrice Lumumba.

Tous ceux qui ont marqué pratiquement l'histoire des peuples africains, il les a peints en tableau ; pour dire que c'est un domicile qui s'est transformé en un musée national.

Au niveau des traditions, vous savez très bien que je suis traditionaliste et animiste. Dans la mesure où nous sommes dans des pays africains où nous avons pratiquement tout perdu, il appartient à quelques hommes qui ont le minimum de courage et l'humilité, de reconnaître, de façon publique, qu'ils sont des animistes.

Voilà pourquoi quelqu'un, un grand homme, s'est amusé à dire que nous avons souvent 30% de chrétiens, 60% de musulmans, mais en réalité, c'est 100% d'animistes. Donc nous, nous sommes très fiers de nous assumer. Par rapport à notre passé, ce que l'Afrique a été, moi je l'admire beaucoup sur ce point.

Sur le plan de l’initiation, il est aussi un grand chasseur. Quand vous arrivez chez lui à domicile, il y a beaucoup de comportements traditionnels à observer, l'orientation, ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire, les interdits, les produits traditionnels, et bien d’autres éléments.

Mais justement, pour avoir toute cette quintessence à l'homme, ça veut dire qu'il y a un certain nombre de principes, de conduites qu'on s'impose.

Le premier élément, c'est la mémoire. Ceux qui peuvent incarner la tradition à un certain niveau, ce sont des hommes de mémoire. Et justement, pour avoir de telles valeurs culturelles dans sa main, il ne faut surtout pas oublier. Sinon les interdits, ça ne pardonne pas. Donc, il faut avoir d'abord de la mémoire. L'oubli n'est pas permis.

Le deuxième aspect, c'est le courage. Parce qu'il y a de ces évènements qui nécessitent du cran pour les affronter. Il faut aussi avoir le courage pour se dominer. Il faut avoir le courage pour dire ce qu'on pense et assumer. Cette valeur qui ne se ramasse pas au bout de la rue est intrinsèquement liée à notre culture, à notre éducation.

Il faut avoir eu la chance aussi d'être passé dans des mains des personnes qui savent ce qu'elles veulent, comment elles se conduisent, quel type de personnes on veut que vous deveniez, pour pouvoir vous façonner et faire en sorte que les braises de la vie vous forment.

Après la mémoire et le courage, c'est la question de l'humilité. Vous savez très bien qu'un homme qui est pétri de compétences, de connaissances et de pouvoirs, ce ne sont pas des gens qui tapent leur poitrine en public et dire je suis ceci ou cela comme on le dit.

Donc, quelqu'un qui a cette compétence au niveau des traditions et à tous les niveaux, n'a pas besoin de taper sur sa poitrine, pour dire moi je suis telle personne, je peux faire ceci ou cela. On le découvre par les faits.

Le 4e niveau, c'est la question du pardon. Quand vous avez ce pouvoir concentré en vous, vous devriez être un homme de pardon. Vous savez, nous sommes dans une société où le respect a foutu le camp, où on peut regarder quelqu'un de travers.

Et si vous ne vous maîtrisez pas, on peut facilement vous piétiner et la réponse est immédiate. Il faut être quelqu'un de pardon, qui se met à un niveau élevé, même quand on vous piétine. Je veux dire capable de vous contenir et ne pas exhiber un certain niveau de puissance.

Et puis, il faut être un homme d'amour, mais aussi un homme de solidarité. Parce que tous les pouvoirs qu'on a en soi, c'est pour servir l'autre, venir en aide à l'autre, magnifier la nature, être en harmonie avec la nature.

Mais, encore faut-il être un homme équilibré. Si vous n'êtes pas équilibré, vous ne serez pas à mesure d'être un support sur lequel se repose un certain nombre de forces. Et c'est grâce à cet équilibre que l'on peut essayer de doser sa façon de faire.

Voilà humblement ce que je sais de l'homme, ce Trésor humain vivant dont on ne saurait finir de connaitre.

Mais, je ne vous le cache pas, il se peut que quand je vais finir ma journée d'ici à 20h, j'irai chez lui. S'il a de la poudre, je prends. Je suis africain, je reste africain, je suis traditionnaliste, je ne tourne pas autour du pot, je demande quand je n'en ai pas ».

Propos recueillis par Charles Sibiri Simporé de Radio Burkina et retranscrits par la Direction de la Communication et des Relations Presse du ministère en charge de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale

DCRP/MFPTPS