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  • Burkina Faso / Unité - Progrès - Justice

Lutte contre le travail des enfants : la protection sociale universelle comme solution

A l’instar des pays du monde entier, le Burkina Faso à travers le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale commémore chaque 12 juin, la Journée Mondiale contre le Travail des Enfants (JMTE).

 

Cette année, cette journée sera commémorée en différée le mardi 14 juin 2022 à Ouagadougou, sous le thème : « Protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants ».

A travers cette journée consacrée à la lutte contre le travail des enfants, le ministère en charge du Travail et de la Protection sociale invite à mener des réflexions sur la contribution des systèmes de protection sociale à l'éradication du travail des enfants par la prévention du phénomène, mais aussi le retrait des enfants victimes à travers l'accès et leur maintien dans le système éducatif et la formation professionnelle le plus longtemps possible.

En effet, malgré les efforts du Gouvernement et de ses partenaires qui ont permis de poursuivre la scolarisation des enfants dans les zones d'accueil, force est de constater que certains enfants sont en dehors du système éducatif national. L'absence ou l'arrêt de la scolarité des enfants les expose d'office aux pires formes de travail ou augmente leur vulnérabilité au travail précoce dont l'une des conséquences néfastes pourrait être leur enrôlement dans le terrorisme.

Cette commémoration est donc une opportunité pour le Gouvernement burkinabè et ses partenaires de marquer une halte pour faire le point des acquis engrangés et aussi sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la nécessité que chacun, à tous les niveaux, s’implique dans la lutte contre le travail des enfants.

En effet, le phénomène du travail des enfants au Burkina Faso demeure une réalité et serait même aggravé par les derniers chocs sanitaire et sécuritaire. Selon les estimations publiées par le Bureau international du travail (BIT) en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), en 2020, 160 millions d'enfants sont astreints au travail. Il pourrait être rehaussé à 168,9 millions d'enfants en l'absence d'une couverture sociale. L'accroissement des mesures de protection sociale baissera ce chiffre à 144,9 millions d'enfants en décembre 2022.

A l'échelle nationale, cette situation pourrait se dégrader davantage au regard de la crise sécuritaire qui a engendré au 31 mars 2022 environ un million huit cent cinquante mille deux cent quatre-vingt-treize déplacés internes. Parmi eux, selon le CONASUR, les enfants de 5 à 17 ans représentent un taux de 44,02% au 31 mars 2022.

La mobilisation internationale pour protéger la population contre la maladie à coronavirus a mis en évidence la possibilité d’éradiquer le travail des enfants hors des frontières du Burkina Faso à travers l’extension de la protection sociale à toutes les couches sociales de la population des villes et des campagnes en leur assurant un meilleur accès aux services sociaux et à l'emploi. Pour cela, il sera nécessaire d’accroitre les investissements dans les systèmes et régimes de protection sociale de base afin d'établir des socles de protection sociale solides.

D’où le thème de cette commémoration : « Protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants » qui vise à permettre aux acteurs œuvrant dans le domaine de réfléchir à un ensemble d'interventions publiques en matière de protection sociale qui pourront aider les ménages ainsi que les individus à réduire leur vulnérabilité aux chocs endogènes et leur pauvreté.

Le Burkina Faso est déjà dans cette dynamique. En effet, conscient que les dispositifs de protection sociale jouent un rôle crucial dans l'autonomisation des couches les plus pauvres de la population, le Gouvernement a mis en place un ensemble de mécanismes concourant à la promotion de la protection sociale à savoir :

 la promotion de la scolarisation pour tous à travers la gratuité de la scolarité, la promotion des cantines endogènes, la construction des salles de classe... ;

 la promotion de l'auto emploi des jeunes et des femmes à travers la mise en place des fonds nationaux (Fonds d’Appui au Secteur Informel, Fonds d’Appui aux Initiatives des Jeunes, Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes, Fonds National d’Appui aux Travailleurs Déflatés et Retraités…) ;

 l'adoption de politiques/programmes et de mesures sociales en faveur des couches sociales vulnérables (les travaux de Haute Intensité de Main d’Œuvre, Politique Nationale de Protection Sociale, les stages professionnels en entreprise…);

 la prise de mesures sociales tendant à l'amélioration des revenus des ménages telles que la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, l'opérationnalisation de l'assurance maladie universelle.

Toutes ces actions, bien que salvatrices, restent insuffisantes au regard du contexte sécuritaire que traverse le pays. Des efforts sont donc à consentir à tous les niveaux, car, la pauvreté des ménages, amplifiée par la perte de biens des populations des zones touchées du fait du terrorisme, prive les enfants de leurs besoins essentiels notamment le droit à la nutrition, à la santé, au logement et à l'éducation.

Cet état de fait n'est pas irrémédiable si l'on adopte une démarche holistique en s'attaquant à la principale cause du phénomène qu’est la pauvreté des ménages, tout en protégeant les enfants victimes et ceux à risque à travers des actions dirigées vers l'employabilité de leurs parents.

DCRP/MFPTPS